Entretiens culturels : Communication et adaptation sur le lieu de travail
Chez SOPA, nous voulons que nos clients se sentent préparés avant d’arriver au Canada. Qu’il s’agisse de la recherche ou de l’obtention d’un emploi, s’il n’y a que cela, il manque encore un élément. Une fois l’emploi obtenu, nous voulons que les gens soient capables de le garder.
Les conseillers d’orientation professionnelle qui travaillent avec des nouveaux arrivants envoient leurs clients avec un excellent CV, rédigé selon les normes canadiennes en vigueur, et avec d’excellentes compétences en matière d’entretien. Mais que se passe-t-il lorsque le client occupe le poste depuis deux ou trois mois et qu’il est licencié ? Les coachs professionnels ont été confrontés à ce scénario à de nombreuses reprises. Lorsque le coach demande au client : « Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Pourquoi votre emploi a-t-il pris fin si rapidement ? », le client répond souvent : « Je ne sais pas. J’ai fait tout ce qu’on me demandait et j’étais toujours à l’heure. Ils m’ont simplement dit que je ne convenais pas pour le poste ».
Ahhhh. « Vous ne correspondez pas au profil recherché ». Il aurait été bon que l’employeur s’en aperçoive lors de l’entretien, avant de procéder à l’embauche (et au licenciement). Mais en général, l’entretien se déroule bien. Les différences culturelles sont masquées à ce stade. L’employé potentiel a l’air très professionnel. Il est possible de se préparer et de répondre à toutes les questions d’une manière qui mette l’employeur à l’aise. Les candidats peuvent répondre à des questions portant à la fois sur leur personnalité, ce qui implique des compétences non techniques, et sur leurs aptitudes techniques.
Lors de l’entretien, les employeurs canadiens posent souvent une question qui, à première vue, peut être très déroutante. En prenant connaissance du curriculum vitae de la candidate, l’employeur constate que toutes ses études et expériences professionnelles antérieures proviennent d’un autre pays. L’employeur pose alors la question suivante : « Avez-vous une expérience professionnelle canadienne ? ». C’est une question que les employeurs de l’Ontario, la plus grande province du Canada, n’ont légalement pas le droit de poser lors des entretiens d’embauche. Au Manitoba, ils peuvent la poser et la posent encore souvent.
Dans certaines régions du Canada, les employeurs ne peuvent pas poser ces questions parce qu’elles sont perçues comme racistes. Les tribunaux des droits de l’homme ont estimé que les questions relatives à l' »expérience canadienne » pouvaient constituer une discrimination, à moins que ce type d’expérience ne soit une exigence – des qualifications que les employeurs peuvent prendre en compte lorsqu’ils prennent des décisions concernant l’embauche et le maintien en poste de leurs employés.
On a l’impression que l’employeur dit : « Seul le travail canadien est un vrai travail » ou « Les Canadiens sont plus intelligents que tous les autres peuples du monde, et ils travaillent aussi plus dur ». Ce n’est pas le message que les employeurs essaient de faire passer. Si un employeur veut simplement savoir si vous avez travaillé au Canada, il n’a pas besoin de perdre son temps en vous convoquant à un entretien. Il n’a qu’à consulter le curriculum vitae.
La plupart des employeurs canadiens reconnaissent les compétences acquises dans le monde entier. Ils reconnaissent le talent qui découle d’une éducation de qualité. Certains employeurs posent cette question parce qu’ils ont eu de mauvaises expériences en embauchant des personnes qui ont été formées ailleurs ou qui ont seulement travaillé à l’étranger auparavant. Quelles sont ces mauvaises expériences ?
Les employeurs canadiens n’hésitent pas à donner une formation en cours d’emploi, qui serait donnée à tout nouvel employé, quel que soit son lieu de naissance. Chaque nouvel employé doit savoir où se trouvent les toilettes et tout le monde doit connaître les politiques de l’entreprise. Ce que les employeurs canadiens oublient d ‘ enseigner dès le départ, c’est la culture canadienne sur le lieu de travail. Le fait d’avoir à résoudre des problèmes de compréhension culturelle et à les corriger sans cesse est une mauvaise expérience pour l’employeur et pour le nouvel employé. Ce dernier n’est même pas toujours conscient de l’aggravation du problème. Parfois, il est déjà trop tard avant qu’il ne prenne conscience du problème.
Les employeurs veulent savoir plusieurs choses. Savez-vous ce que signifie arriver « à l’heure » selon la définition canadienne ? Si vous avez terminé vos tâches, savez-vous comment vous occuper sans ennuyer votre supérieur avec d’autres choses à faire ? Savez-vous quels sont les sujets de conversation autorisés et ceux qui sont trop controversés pour le lieu de travail canadien ? Pouvez-vous être amical et professionnel avec les gens, même s’ils ne sont pas vos amis ? Pouvez-vous être amical sans être flirteur ? Aucune de ces questions n’est susceptible de figurer dans le manuel de l’employé. En outre, les travailleurs canadiens n’ont pas toujours maîtrisé ces compétences. (Certains Canadiens sont licenciés chaque année pour être systématiquement arrivés en retard au travail, par exemple). Ces questions et d’autres expliquent les règles non écrites que l’on retrouve dans toutes les cultures d’entreprise.
Une blague canadienne dit que lorsque vous passez par l’aéroport Lester B. Pearson de Toronto, vous allez perdre vos bagages. C’est une blague canadienne parce qu’elle est arrivée à suffisamment de Canadiens pour qu’elle soit drôle. Lorsque vous migrez d’un autre pays vers le Canada, vous perdrez peut-être un bagage pendant un jour ou deux, mais vous ne perdrez pas vos compétences techniques. Il se peut que vos bagages disparaissent ou non à Toronto. Vos compétences techniques, vos connaissances et votre expérience éducative resteront certainement avec vous. Ce qui changera du jour au lendemain, c’est le paysage. Le changement de culture du lieu de travail constituera le plus grand défi à relever pour conserver votre emploi. Un jour, vous appellerez votre famille ou vous rentrerez chez vous pour lui dire : « Les Canadiens travaillent d’une manière tellement différente de celle des gens de notre milieu !
Lorsque les gens ont des difficultés à accepter les différences entre l’ancien lieu de travail et la façon dont les choses sont faites dans le nouveau lieu de travail, l’ancien lieu doit être oublié. Dire à un employeur canadien : « Mais dans mon ancien pays, je communiquais toujours comme ceci… » ne fonctionnera probablement pas. Les personnes qui s’adaptent à un lieu de travail canadien à partir d’une culture professionnelle d’un autre pays doivent généralement effectuer 80 % de l’adaptation. Cela ne signifie pas que vous devez changer 80 % de votre façon de travailler. Cela signifie que lorsque des aménagements du lieu de travail sont demandés et que des ajustements doivent être effectués, c’est le nouvel arrivant qui doit généralement s’attendre à faire 80 % du travail. Votre nouvel employeur au Canada est généralement plus conciliant que les employeurs d’autres pays occidentaux. Les sociologues qui étudient les aménagements du lieu de travail montrent qu’aux États-Unis, les immigrants récents peuvent s’attendre à effectuer 90 % du changement lorsqu’une adaptation est nécessaire. Le niveau de responsabilité pour une adaptation interculturelle réussie atteint 99 % lorsque vous entrez sur le lieu de travail en France.
L’erreur que commettent les personnes issues d’autres cultures lorsqu’elles entrent sur le lieu de travail est d’oublier qu’une fois le dur travail d’obtention du poste terminé, le dur travail de conservation du poste prend le relais.
Martin Blumrich
L’apprentissage de la culture du lieu de travail canadien prend du temps. Comme nous l’avons mentionné, il faut une énergie supplémentaire pour écouter et observer ce qui se passe autour de vous en tant que nouvel employé. C’est le cas de tous les nouveaux employés, quel que soit le poste qu’ils occupent, partout dans le monde. Où que vous soyez né, lorsque vous commencez un nouvel emploi, vous cherchez des indices sur le comportement ou le protocole à adopter dans une situation donnée.
L’erreur que commettent les personnes issues d’autres cultures lorsqu’elles entrent sur le lieu de travail est d’oublier qu’une fois le dur travail d’obtention du poste terminé, le dur travail de conservation du poste prend le relais.
La plupart des problèmes culturels sur le lieu de travail sont liés à la communication et au manque de communication. Les trois principaux problèmes liés à la communication sur un lieu de travail diversifié sont les suivants :
- Donner et recevoir un retour d’information
- Utilisation inappropriée du courrier électronique
- Différences dans la signification de l’affirmation de soi par rapport à la passivité ou à l’agressivité
Un exemple tiré de ma vie professionnelle peut illustrer certains de ces problèmes. J’ai travaillé avec une collègue travailleuse, agréable, bien éduquée et culturellement perspicace, née et éduquée en Chine. Lorsque je l’ai complimentée en lui disant : « Je pense que votre anglais s’est amélioré », elle m’a répondu : « Non, je ne pense pas ».
Je pense à ses origines et au fait que le système éducatif chinois est tellement compétitif qu’elle est peut-être dure avec elle-même pour se motiver à apprendre davantage. Au fur et à mesure de nos discussions, elle m’a expliqué que c’était tout le contraire. D’après son expérience, les Chinois apprennent à être humbles et il peut être difficile pour certaines personnes d’origine chinoise d’accepter des commentaires positifs tels que des compliments.
Cette situation est aggravée par le fait que mon collègue considère que les Canadiens et les Américains utilisent un langage « fabuleux » pour les choses courantes. Lorsque quelqu’un fait du bon travail, un superviseur chinois peut se contenter de dire « Bon travail ». Dans le cadre du travail en Amérique du Nord, les superviseurs diront souvent « Terrific ! » ou « Wonderful ». Cela renvoie au besoin d’humilité du travailleur chinois, qui se sent un peu perdu face à de telles louanges pour son travail. Le travailleur chinois interprète ce retour d’information comme une perfection, et il est facile de faire preuve d’humilité en disant : « Non, ce n’est pas si important que ça ». Au début, il peut être difficile pour les travailleurs chinois de comprendre et d’accepter le retour d’information, qu’il soit positif ou négatif. Ils doivent être leur propre interprète culturel et se poser la question suivante : « Qu’est-ce qu’on entend exactement par là ?
Lorsque cette communication se fait par courrier électronique, il y a toute une série de problèmes potentiels liés au fait de ne pas voir la personne en face, ce qui empêche trop facilement une bonne communication de se mettre en place.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles un employé peut ne pas convenir à un poste. J’espère que nos lecteurs ne vivront pas cette expérience, en particulier en ce qui concerne les différences culturelles. Réussir au travail au Canada a certainement quelque chose à voir avec l’expérience canadienne.
Les meilleurs observateurs s’adaptent le plus rapidement et avec le plus de succès. Ils sont moins susceptibles de retourner dans le bureau de leur coach de carrière trois mois après avoir obtenu un emploi. Veillez à observer et à poser des questions sur ce que vous observez sur votre nouveau lieu de travail. Trouvez une personne qui accepte d’être un coach culturel sur le lieu de travail, à qui vous pouvez poser des questions et qui peut vous aider à vous adapter en vous donnant des conseils. Mieux encore, avant d’arriver au Canada pour y travailler, apprenez à connaître les différences entre votre culture et la culture canadienne. Ce qui peut sembler affirmé dans une culture peut sembler passif ou agressif dans une autre.
Vous avez été approuvé pour immigrer au Canada? Rejoignez-nous dans nos cours SOPA avant votre arrivée pour préparer votre CV et votre état d’esprit à la réussite canadienne !
Martin a consacré sa carrière à aider les gens à améliorer leur vie. Il a travaillé avec des nouveaux arrivants de plus de 40 pays pour les aider à s’installer au Manitoba, au Canada. Impliqué dans la formation des adultes tout au long de sa carrière, il propose une « expérience canadienne » par le biais de cours de communication culturelle en ligne. Conférencier instructif et divertissant, Martin anime des ateliers spécialisés sur des sujets allant de la diversité religieuse aux compétences non techniques nécessaires pour réussir dans des cultures professionnelles diverses.